vendredi 7 novembre 2008

« Il y a beaucoup à faire sur cette terre, hâte-toi» Ludwig van Beethoven

Contrairement à ce que le titre de ce recueil de notes pourrait laisser entendre, ces Carnets intimes ne sont pas une somme de secrets d'alcôves...bien heureusement d'ailleurs !


Ce qui frappe d'abord à la lecture, c'est le caractère abrupt voire inélégant de ces courtes notes.
Allant de formules lapidaires, qui n'ont que peu de sens sorties de leur contexte, à des pensées plus profondes, elles permettent de retrouver, si ce n'est le musicien, du moins l'homme de la Pastorale. Si c'est d'abord à lui-même que Beethoven s'adresse, il n'en demeure pas moins que le lecteur a dans les mains un document particulièrement riche.

Ce que Beethoven (1770-1827) exprime dans ces quelques pages est un véritable culte de l'action. Celle-ci semble le remède à tous les maux. Comme un artisan besogneux à sa tache, le compositeur se montre résigné.
« Résignation, résignation, profonde à ton sort ! Seule, elle te permettra d'accepter les sacrifices que demande le 'service' ».
« Pour chasser la pensée du mal qui t'afflige, tu ne saurais trouver moyen meilleur que l'occupation. »
Ceci est d'autant plus vrai que l'ardeur au travail doit être recherchée pour elle-même. Travailler à son chevet apparaît comme un sacerdoce, un sacrifice, une véritable vocation.
" Le but de ton effort doit être l'action et non ce qu'elle donnera. Ne sois pas de ceux qui, pour agir, ont besoin de ce stimulant : l'espoir de la récompense. »
Si certains passages semblent dévoiler un Beethoven bon soldat, travaillant d'arrache-pied à sa partition comme un artisan à son œuvre, ces pages ne sont pas celles d'un monstre froid. C'est ici un homme seul qui s'exprime, désemparé face à sa surdité.
« Ah ! Comment avouer la faiblesse d'un sens, qui, chez moi, devrait être infiniment plus développé que chez les autres (...) ».
Dans son Testament, daté de 1802, Beethoven revient sur un comportement que certains de ses contemporains ont pu interpréter comme de la froideur :
« Il me faut vivre en proscrit. Si je m'approche d'une société, aussitôt je me sens pris d'une angoisse terrible dans la crainte où je suis d'être exposé au danger qu'on remarque mon état. »
Pourtant, on aurait tord de croire que le compositeur se morfond dans une solitude pathétique....
Seul et retiré , il semble tout à fait lucide sur son talent et conscient de ne pas être un homme ordinaire. Dans son Testament, c'est au lecteur lui-même qu'il s'adresse, dans une parole à caractère prophétique :
« Oh vous, qui lirez un jour ceci, pensez que vous avez été injustes pour moi; et que le malheureux comme lui, qui, en dépit de tous les obstacles de la nature s'est toujours efforcé d'être admis au rang des artistes et des hommes d'élite ! »
Enfin et surtout, et c'est ceci qui rend le message de Beethoven particulièrement riche, c'est l'urgence, la volonté de ne pas perdre de temps qui transparaissent : le passage sur terre peut s'avérer de courte durée.
« Il y a beaucoup à faire sur cette terre, hâte-toi. »
Si le compositeur s'adressait d'abord à lui-même, c'est à chacun d'entre nous que cet avertissement semble destiné !



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