dimanche 9 novembre 2008

"Debout peuple de Russie !", Alexandre Nevski


En pleine période stalinienne et de mobilisation des artistes au service d'un art résolument idéologique, le compositeur Serge Prokofiev (photo) et le cinéaste Sergueï Eisenstein font équipe pour donner une deuxième jeunesse à Alexandre Nevski.

L'intrigue du film Alexandre Nevski, sorti en 1938, reprend un événement phare de l'histoire russe au XIIIe siècle : l'opposition du prince Alexandre Nevski à l'invasion des chevaliers teutoniques. En ces temps de montée des périls, l'ennemi teuton a pris un nouveau visage, qui se cache derrière un drapeau à la croix gammée. L'heure est donc à la mobilisation des esprits derrière la nation « soviétique ». La lutte vaillamment menée et la victoire obtenue brillamment par le jeune prince contre les Teutons vont prendre valeur d'idéal patriotique. L'idée est donc bien de frapper les esprits, ce à quoi s'emploie le compositeur, revenu en Union Soviétique en décembre 1932, après avoir vadrouillé entre l'Europe et les États Unis depuis 1918.

Ayant d'abord pensé utiliser une "authentique" musique du XIIIe siècle, Prokofiev se rétracte au profit d'une composition parlant davantage à l'imaginaire de ses contemporains. Pari réussi puisque la puissance évocatrice de la musique de Prokofiev permet à l'auditeur qui ne connaîtrait pas le film de ressentir, à l'écoute de la cantate, une charge émotionnelle aussi intense que celle qui renaît au souvenir de l'œuvre d'Eisenstein.

La scène illustrée par ce "Debout peuple de Russie" est celle de la préparation à la bataille du lac, bataille dont sort victorieux Alexandre. La musique composée par Prokofiev est à la hauteur de l'héroïsme des "patriotes" , menés d'une main de maître par Alexandre Nevski. A propos du caractère cinématographique de l'écriture, Eisenstein écrit :
« Sa musique est étonnamment plastique, elle n'est jamais une illustration ; elle montre d'une façon étonnante la marche des événements, leur structure dynamique dans laquelle se concrétise l'émotion. »
Alors que se tient cette semaine la 9ème édition du Festival Musique et Cinéma dans l’Yonne, je tenais à revenir sur un classique parmi les classiques.....sur une partition gigantesque d'un compositeur qui a eu la malchance de mourir dans l'indifférence générale, le 5 mars 1953, le même jour qu'un certain.....Staline !

Illustration à la minute 3



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