dimanche 24 janvier 2010

Tigran Hamasyan


Dans la biographie qu’il a consacrée à René Goscinny, l’historien Pascal Ory écrit :

« Comme bon nombre de success stories occidentales au XXème siècle, tout cela commence en histoire juive –typiquement juive, se poursuit en histoire nationale – typiquement nationale – et s’achève en histoire universelle – Presque totalement universelle ».

Si je ne me hasarderais pas à comparer le succès de l’éminent (je dirais même hilarant) scénariste du Petit Nicolas au jeune jazzman Tigran Hamasyan, je dois cependant reconnaître que le destin de ce dernier rassemble bien des éléments d’une success story. Encensé par la critique pour chacun de ses opus, faisant salle comble pour tous ses concerts, il compte également à l’actif de sa jeune carrière plusieurs prix prestigieux.

Pourtant, naître en 1987 à Gumri, en Arménie, peu avant que la ville ne soit ravagée par un tremblement de terre, le 7 décembre 1988, ne prédestine pas à fouler un jour le pied du New Morning et autres salles mondiales. Nulle volonté cependant de tomber dans le misérabilisme car il est bien question ici de talent.

L’histoire de Tigran Hamasyan, vous l’aurez compris, n’est pas juive mais arménienne. Elle commence il y 22 ans au nord ouest de ce petit pays niché entre la Turquie et l’Iran. Arménienne, elle l’est surtout tant sa musique est imprégnée d'airs populaires et tant les titres de certains de ses morceaux se réfèrent, non sans nostalgie (« Native land », « Forgotten world », « Homesick »), à ses racines. Sans jamais tomber dans le folklore, la mayonnaise du pianiste et de ses musiciens prend… Entre invitation au voyage et au rêve, le jeune pianiste, qui a sorti en février 2009 son troisième album, excelle aussi bien dans des mélodies sucrées qu'il semble susurrer à l'oreille des auditeurs ("Leaving Paris" ou "Love song", cf. ci-dessous) que dans les adaptations de standards (Thelonious Monk, Miles Davis). C'est cette fusion réussie qui rend l'œuvre de Tigran Hamasyan inclassable et, par conséquent, universelle.



1 commentaire:

Antoine a dit…

Belle présentation ! Ca me donne envie de le connaître mieux.
En tout cas il a une belle équipe pour son disque (les frères Moutin !).
La musique me fait également penser au trio d'Avishai Cohen, qui mélange aussi mélodies populaires et jazz.