dimanche 26 octobre 2008

Parlez-moi d'amour.....

Robert et Clara Schumann, Lettres d'amour

Comme le titre de ce recueil de lettres l'indique, il s'agit de lettres d'amour. Entre Clara et Robert...
Clara Wieck et Robert Schumann, couple romantique s'il en est.

Les deux jeunes gens semblent parfois correspondre au cliché du couple romantique par excellence, s'adonnant à des envolées lyriques :
« Il régnera chez nous une obscurité de rêve, il y aura des fleurs aux fenêtres, des murs bleu pale, des gravures, un piano à queue et là, nous nous aimerons unis dans une profonde fidélité».
Pourtant, si, sorties de son contexte, ces deux phrases de Robert Schumann semblent tirées d'un roman à l'eau de rose, on aurait tord de conclure à un récit ampoulé.

Loin d'être des envolées désincarnées, ces lettres établissent un véritable dialogue entre deux âmes qui se sont jurées fidélité, avant même que celle-ci ne soit officiellement scellée par les liens du mariage.
« Alors, assied-toi auprès de moi, mets tes bras autour de mon cou, laisse-moi plonger dans tes yeux et demeurons heureux dans le silence.
, avant de conclure :
« Dans le vaste monde deux êtres s'aiment. »
Dans leurs lettres, Clara et Robert font bien plus que communiquer, ils s'apostrophent, s'écoutent, se répondent. Car les lettres ne sont pas qu'un échange d'états âme. Les mots prennent corps. Le quotidien est raconté avec autant de minutie que les pensées les plus profondes. Par ces lettres, l'autre n'est pas seulement celui à qui ils s'adressent....il semble physiquement présent, comme ne cesse de le répéter Robert.

Cet amour n'est dénué ni de doutes, ni d'obstacles. Face à un père intransigeant qui refuse catégoriquement l'union, les deux jeunes gens trépignent d'impatience :
« Quand tu lui (Friedrich Wieck, père de Clara) reparleras de nous, parle-lui un peu serré pour qu'il ne trouve pas à nouveau des tas de prétextes à invoquer pour continuer à nous séparer »
écrit Robert.

Ce qui frappe à la lecture de cet échange épistolaire, c'est la grande simplicité qui s'y dégage, malgré les obstacles. Simplicité de ton, mais surtout simplicité dans la manière dont l'amour se dit.
« Tu demeures Robert et moi Clara. Tout le reste n'existe pas »
, écrit-elle. L'amour se dit comme une évidence, malgré les années et malgré l'absence.
« Quoi qu'il en soit je t'ai aimée depuis toujours et de tout mon coeur, d'une tendresse d'enfant, bien entendu »
écrit Robert pour sa part.

Enfin et surtout, ce dialogue est celui de deux musiciens, baignés chacun dans leur art, passion qu'ils partagent. Cet amour clamé haut et fort (ne signe-t-elle pas ses lettres « ta fidèle »?) se dit dans la musique. Elle lui raconte ses concerts, lui ses dernières compositions. Elle joue ce qu'il écrit. La musique n'est pas un moyen, mais une fin pour eux : c'est une éthique, un mode de vie. La musique est ce qu'il reste d'eux quand il n'y a plus rien d'autre.
« Je viens de bavarder avec toi au piano »
confie Clara. C'est dans la musique que leur amour a éclos et s'est développé. C'est par elle qu'il se maintient intact et vivant, ne laissant pas le temps faire son travail de sape.

Voici ici S. Richter et le Borodin Quartet dans dernier mouvement (Allegro ma non troppo) du Quintet pour piano, Op. 44, de Robert Schumann


3 commentaires:

Unknown a dit…

Salut Célia, bravo pour ton premier post. Tous mes encouragements pour la suite de ton blog que je viendrai visiter régulièrement!
Baudry

Unknown a dit…

Génial Célia, tu écris merveilleusement bien! Hâte de lire les suivants...

Gros bisous,

Eléna

Unknown a dit…

Coucou Célia!
Excellent blog que je consulterai régulièrement! Il me rappelle le très bon blog de Cécile (sur un autre domaine, forcément). Très bon titre! Ca donne envie d'écouter de nouveaux morceaux.
A bientôt,
Anne